Des troubles politiques et sociaux ont marqué le pays entre décembre 2022 et février 2023, d’importantes manifestations violemment réprimées avaient été organisées suite à la destitution et l’incarcération du président Pedro Castillo. La contestation directe a cessé ces dernières semaines, laissant cependant des traces durables parmi les populations les plus modestes issues du monde andin. La situation politique quant à elle n’est toujours pas réglée, l’actuelle présidente Dina Boluarte [vice présidente de Castillo et qui lui a succédé], dont les manifestant·es réclamaient la démission, a fini par promettre des élections anticipées pour 2023.
De récents rapports d’Amnesty International et Human Rights Watch accusent les forces de sécurité de graves abus dans l’usage de la force, notamment par l’utilisation d’armes interdites pour le maintien de l’ordre. Selon elles, 49 civils auraient perdu la vie dans ces affrontements et plus d’un millier d’autres auraient été blessés. Amnesty International dénonce également un « biais racial » car l’usage de ces armes et les violences mortelles ont presque exclusivement eu lieu dans les régions en dehors de Lima, où la population est majoritairement d’origine autochtone et parle le quechua. Plusieurs familles de victimes ont d’ailleurs porté plainte contre le pouvoir pour réclamer justice.
Cette crise a montré une nouvelle fois les faiblesses de la démocratie péruvienne et révélé les fractures sociales profondes du pays. Pour Yovana , directrice de l’école de Picol «Nous devons continuer à travailler pour changer cette situation, l’éducation est le moyen le plus important pour parvenir au changement et à une meilleure société.»
Anne-Lise, juin 2023