« J’espère que les gouvernements vont prendre de bonnes décisions pour le bien-être de tous et non d’une minorité »
Cette semaine, le nombre de contaminations et de décès a globalement baissé au Pérou. A Cusco, la situation a été très critique en août, et jusqu’à la première semaine de septembre il y a eu beaucoup de personnes contaminées et décédées.
A Cusco nous devrions rester confiné.e.s jusqu’à la fin du mois. Heureusement, aucun cas n’a été reporté parmi les familles et les enfants de Picol. La plus grande difficulté à laquelle sont confrontés les parents est l’absence de travail et par conséquent les difficultés économiques. Nous n’avons pas les chiffres exactes de la situation professionnelle des parents étant donné que nous n’avons pas de contacts réguliers avec eux. Ils ne répondent pas aux appels et communiquent peu. Certains travaillent sur des chantiers de construction, d’autres vendent ce qu’ils peuvent dans la rue et d’autres encore se consacrent aux travaux agricoles. La situation économique des familles des écolier.re.s de Picol a toujours été précaire et, avec la pandémie, la pauvreté des familles s’est accentuée.
C’est pour cela que nous ne pouvons exiger d’elles qu’elles rechargent leurs téléphones pour que les enfants nous envoient leurs devoirs. Beaucoup d’enfants n’ont pas accès à l’offre éducative : aucune famille n’a internet à la maison et leurs téléphones, basiques, ne leur permettent pas de lire les fichiers vidéo ou audio du programme « j’apprends à la maison » mis en place par le ministère de l’éducation. Pour aider au renforcement des apprentissages, les enseignant.e.s élaborent actuellement un cahier de fiches que nous remettrons aux écolier.e.s le mois prochain pour que chacun.e d’entre eux.elles puisse travailler à la maison.
Bien que nous ne sachions pas jusqu’à quelle date les écoles resteront fermées, certains commentaires parlent d’août 2021, quand la population aura accès au vaccin. Mais cette information n’est pas officielle, la situation est toujours en cours d’évaluation.
Le Pérou affronte une crise économique et politique très grave. Le versement d’allocations aux foyers à faibles ressources a été vivement critiqué car il ne s’est pas fait équitablement et dans de nombreux cas l’argent n’est pas arrivé jusqu’aux familles les plus pauvres. Il y a beaucoup de problèmes de malhonnêteté et de corruption et l’état ne fait rien pour aider. De même, les municipalités n’apportent aucune aide aux populations défavorisées. Beaucoup de personnes, malgré le confinement, sont sorties pour aller travailler dans la rue, la peur du virus est moins forte que la faim.
Ce sont des temps difficiles pour tout le monde et j’espère que les gouvernements vont prendre de bonnes décisions pour le bien-être de tous et non d’une minorité.
Yovana Elida Rosell, directrice de l’école élémentaire de Picol, le 19 septembre 2020