Pedro Castillo, le nouveau président péruvien a pris officiellement ses fonctions le 28 juillet dernier à l’occasion des « Fiestas Patrias », la fête nationale péruvienne. Ces cérémonies ont clôturé un épisode électoral tourmenté à l’image de la vie politique de ce pays depuis plusieurs années.
Quatre présidents se sont en effet succédés depuis 2018, le Congrès a été dissous. Des manifestations et des violences avaient marqué l’automne 2020. C’est donc dans un contexte de grande défiance de la population envers sa classe politique que les élections se sont tenues, compliquées par une pandémie incessante depuis des mois dans ce pays.
A l’issu du 1er tour du 11 avril dernier, deux candidats restent en lice, que tout oppose : Keiko Fujimori, fille d’un ancien président incarcéré, elle-même poursuivie actuellement pour corruption, dirigeante d’un parti de droite populiste et Pedro Castillo, instituteur quasi novice en politique, se présentant comme le candidat anti élite et anti corruption, représentant l’extrême gauche.
Le débat s’est fortement polarisé et les votes se sont majoritairement divisés entre les zones urbaines soutenant Keiko Fujimori, par crainte de l’instauration d’une dictature gauchiste et les zones rurales pour Pedro Castillo, par rejet de l’élite vue comme corrompue. A l’issu du 2e tour, le scrutin est très serré et il faut attendre près de dix jours le résultat final : 50,12 % des voix pour P. Castillo contre 49,87 % pour K. Fujimori, soit à peine 44 263 voix d’écart !
Au même moment ont eu lieu les élections législatives selon un scrutin proportionnel qui constitue un parlement (le Congrès) très éclaté avec une dizaine de partis qui remportent chacun peu de sièges. Le nouveau président n’y aura pas de majorité et devra constituer des alliances. C’est une femme politique, Maria del Carmen Alva, qui a pris la tête de cette institution.
A l’issu de sa prise de pouvoir, Pedro Castillo s’est voulu plutôt rassurant pour les marchés financiers (qui avaient réagi par une baisse de la valeur la monnaie nationale) et pour ses adversaires politiques. Il a déclaré vouloir modifier la constitution pour renforcer la démocratie et l’inclusion des minorités.
Concernant l’éducation, il en avait fait un point important de son programme et a répété lors de son discours d’investiture qu’il souhaitait en faire une priorité. Le budget de l’éducation serait doublé, notamment pour limiter les inégalités scolaires entre les territoires ruraux et le reste du pays, améliorer l’accès au numérique dont le besoin s’est fait particulièrement fait sentir durant cette période d’école à distance.